La nuit aura été longue et cauchemardesque pour moi, et toutes les âmes sensibles, tous ceux qui ont une once d’humanité dans le sang.
Les images lugubres d’un corps humain en début de décomposition, exhumé, exhibé et traîné au sol dans un sac, un morceau de tissu par des hommes sans pitié, sans foi ni loi, devant une foule surexcitée coupable, elle aussi d’être là pour assister à cette mise en scène macabre; caractéristique d’une violence aveugle, une violence sans nom des hommes réduits à la bestialité ; comme possédés par Satan dans un duel où le mal semble prendre le dessus sur le bien, la déraison et sur la raison, l’inhumain sur l’humain, la cruauté sur la bonté, la jungle sur la société, etc.
On voit cette foule jubiler, ce qu’elle considère pour une victoire, le triomphe des vivants sur un pauvre cadavre dont l’âme est partie ailleurs, soit « la chose » la plus importante et sacrée, qui appartient au Créateur, comme le paradis, dont les élus sont choisis par lui-même, sur la base avant tout de sa miséricorde infinie.
Ce qui est ahurissant, aucune condamnation officielle ; les autorités ont choisi visiblement le silence. Un silence lourd et qui est en soi une position claire.
Seyre SIDIBE