Quelle est la pigmentation de la Mauritanie?

Quelle est la pigmentation de la Mauritanie?

Au départ, la Mauritanie était blanche et noire pour devenir noir et blanc. Se référer à l’accord des adjectifs de couleurs pour comprendre la nuance. En vérité, elle est la jonction entre une entité Arabo-berbères devenue Arabe par mutation politique, et une entité négro-africaine qui n’a jamais voulu renoncer à son identité ontologique ou tout simplement la rénier.

L’acte de naissance de la Mauritanie a été signé lors du Congrès d’Aleg (mai 1958). La France était derrière le projet, et jouait le facilitateur entre les deux parties. En effet, ce sont Maures( Arabo-berbères ), qui tenaient vaille que vaille à la création de la Mauritanie sous sa forme actuelle. Ils ont usé de toute la diplomatie, de toute sorte de concession, de compromis, d’accommodement pour que les Noirs acceptent l’union des deux entités.

Les Noirs, selon plusieurs témoins et sources de cette époque, ne se sentaient pas trop ce mariage de raison entre le Nord et le Sud. Ils nourrissaient des réserves et beaucoup de craintes dans ce projet visant à bâtir une nation avec des populations nomades et Arabo-berbères connues pour agressions, pillages et razzias contre les populations de la vallée.

Fins diplomates et très avertis politiquement, les Maures tenaient coûte que coûte à la naissance de cet État mauritanien unitaire, jacobin dans sa composition sociologique et géographique actuelles, soit la fusion de deux nations ( une entité Noire et un conglomérat de tribus arabo-berbères).

La Mauritanie n’aurait jamais existé sous sa configuration actuelle, n’eût été là France . En effet, la puissance colonisatrice, a bien voulu pour des raisons stratégiques, impérialistes et économiques créer au forcep, un État trait d’union entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au Sud du Sahara.

Ce projet, dans sa conception et sa mise en œuvre était à l’avantage des Arabo-berbères du fait qu’ il leur permettait d’être porté à la tête d’un État moderne, et partant d’échapper à l’impérialisme, au joug marocain.

Le Maroc n’a jamais cessé de revendiquer le nord mauritanien comme une partie de son territoire, le Grand Maroc. Cependant il ne voulait pas non plus intégrer dans son giron les populations noires du Sud, présentant des réalités socio-culturelles identiques avec celles du Sénégal et Mali.

Si le plan marocain était mis à exécution nos Arabo-berbères seraient aujourd’hui Sahraouis. Ils auraient eu le même sort que les indépendantistes Polisarios, avec lesquels ils présentent des similitudes évidentes.

Le débat raciste qui écume actuellement les réseaux sociaux en Mauritanie sur la pigmentation de notre pays ( Blanche ou Noire), est l’expression du déni et du mépris de la Constitution de la République Islamique et de l’histoire de la naissance de l’État Mauritanien. En effet, même par générosité et altruisme, si l’on mettait entre parenthèses, la Grande Histoire de l’Empire du Ghana ( Wagadou), force est de constater que le Noir est consubstentiel à l’ADN de la Mauritanie.

Le danger des rafles ciblant les étrangers subsahariens en Mauritanie, se manifeste par la confusion volontaire entre Noir et étranger par certains racistes partisans d’un panarabisme étroit. Cela est d’autant plus vrai que pendant les événements des années 89 – 90, on a profité de l’expulsion des Sénégalais pour régler les comptes de populations négro-africaines de « souche mauritanienne », avant la naissance même la création de l’État mauritanien.
Voilà l’origine des inquiétudes, voire traumatismes des populations noires à chaque fois que les étrangers d’origines subsahariennes sont prises pour cible.

Dans pareille situation, on attend de nos compatriotes » Bidanes » de soutenir leurs frères Noirs contre les abus du pouvoir. Heureusement, ils ne sont pas tous mêlés à cette campagne malsaine, cette cabale nauséabonde sur les réseaux sociaux assimilant tout Noir à un étranger. Je sais une chose, les Maures, vous êtes vous en Mauritanie. Les Noirs aussi, sont chez eux. Nous avions décidé de créer un État biracial, alors respectons les termes du contrat clairement définis dans les engagements pris lors du Congrès d’Aleg.

Seyré SIDIBE

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