Cridem: La constitution de la république islamique de Mauritanie en vigueur depuis juillet 1991 stipule en son article 6 : « Les langues nationales sont l’arabe, le pulaar, le soninké et le wolof. La langue officielle est l’arabe ».
Cette disposition de la loi organique mauritanienne instaure de fait une discrimination communautaire à caractère linguistique et identitaire incompatible avec l’esprit et la lettre de la république.
En effet, si « la république assure à tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale l’égalité devant la loi », cette égalité est de facto biaisée par cette même loi (article 6 ci-haut cité) puisqu’elle consacre de fait la supériorité d’une communauté linguistique (arabe) sur les autres communautés linguistiques (pulaar, soninké et wolof) par l’officialisation de la seule langue arabe.
La conséquence de cette discrimination linguistique extrêmement grave n’est point seulement d’ordre identitaire et symbolique, elle se traduit très concrètement par une exclusion systématique des citoyens, membres de ces communautés linguistiques, dans l’accès à l’emploi, aux responsabilités et à bien d’autres droits encore.
Ainsi, en décrétant que l’arabe est la langue de l’armée, cette institution qui était censée être l’emblème de notre unité nationale, assume son caractère discriminatoire de sorte que, tous aujourd’hui décrient le caractère mono ethnique de la grande muette mauritanienne.
Que dire des médias publics et privés qui, s’appuyant sur la constitution, excluent de l’information et de la distraction tous les Mauritaniens de langues autres que l’arabe, par la réalisation d’un programme de diffusion à plus de 80 % en arabe ? C’est d’ailleurs pourquoi, les Mauritaniens non arabes n’écoutent et ne regardent que les chaines étrangères.
De même aucun cadre mauritanien de langue pulaar, soninké ou wolof ne peut honnêtement affirmer ne pas subir cette terrible exclusion notamment dans les rangs de l’administration où il est amené à servir son pays. Toutes les réunions sont faites en arabe (hassanya), la plupart du temps sans aucune traduction.
Comme si, on leur disait « soyez arabes ou disparaissez » ! Cette exclusion multisectorielle sape notre unité nationale et met la Mauritanie en grand danger existentiel, surtout par ces temps où elle doit faire face à la montée du terrorisme et autre instabilité à ses frontières.
Pour mettre un terme à cette discrimination indigne d’un Etat musulman et moderne, nous citoyens signataires de cette pétition, demandons avec insistance, l’officialisation de toutes les langues mauritaniennes, notamment le pulaar, le soninké et le wolof au nom de l’égalité et de la cohésion sociale.
Nous souhaitons notamment que tous les candidats à l’élection présidentielle de juin 2024 prennent en charge cette question et nous disent comment rendre effective l’officialisation de nos langues nationales.
Voici le lien à partir duquel vous pouvez signer la pétition :
Mamadou Kalidou BA
Professeur des universités
Nouakchott le 27 avril 2024.