Monsieur le Président,
Hier, par une décision mûrement réfléchie, j’ai fermement choisi de me consacrer exclusivement à mes recherches et de m’abstenir de toute discussion publique concernant les élections présidentielles dans notre pays. Cependant, ma sérénité a été brutalement interrompue par une nouvelle tragique : le décès, ou plutôt l’assassinat, de quatre jeunes originaires de Kaédi. Cette nouvelle m’a bouleversé au plus profond de moi-même, me plongeant dans une tristesse immense et une révolte intense.
Il est impossible pour moi de fermer les yeux sur la réalité de ces crimes odieux. Ces actes de violence extrême ont été perpétrés sous l’égide de ceux qui représentent l’État, et, par conséquent, sous votre responsabilité. En tant que Président de la République, ces crimes de sang ne peuvent désormais être dissociés de votre bilan.
Ce massacre, qui a coûté la vie à ces 4 jeunes, est un fardeau moral que vous devez désormais porter. Il est impératif que ces événements tragiques soient pris en compte dans votre évaluation en tant que dirigeant. Le pays tout entier observe et attend des réponses.
Monsieur le Président, je vous exhorte vivement à vous ressaisir avant qu’il ne soit trop tard et que notre pays, déjà ébranlé par divers défis, ne soit plongé dans l’incertitude totale.
Si vous êtes convaincu de votre succès aux élections présidentielles, une conviction que je ne remets nullement en question, je vous conjure instamment d’embrasser l’idée d’une confrontation ouverte et honnête entre vos résultats et ceux de l’opposition.
Cette démarche non seulement réaffirmerait votre engagement envers la transparence et la démocratie, mais aussi renforcerait la confiance de tous les Mauritaniens dans l’intégrité de notre processus électoral. En prenant cette mesure audacieuse, vous enverriez un message fort de responsabilité et d’engagement envers l’unité nationale et la stabilité. L’histoire nous observe, Monsieur le Président. Faites de cette période un moment où la vérité et la justice prévalent, où le respect des voix de tous est garant de notre avenir commun.
Comme je vous l’ai déjà exprimé lors de notre rencontre le 31 décembre 2019 dans votre bureau, contrairement à certains de nos concitoyens qui sollicitent votre faveur, je ne recherche aucun avantage personnel de votre part ! Cependant, étant donné la gravité de la situation actuelle, je vous demande avec la plus grande sincérité de vous reprendre et surtout de ne pas céder aux discours belliqueux de certains membres de votre entourage, car cela met en péril la stabilité de notre pays.
En cette période douloureuse, je tiens à présenter mes plus sincères condoléances aux habitants de Kaédi, en particulier aux familles des victimes, et je prie ardemment pour que le Tout-Puissant les accueille dans son Paradis. Amine.
Toka Diagana
Le 02 juillet 2024