La justice gagnerait-elle en étant commutative ou distributive ?

La justice gagnerait-elle en étant commutative ou distributive ?

La justice, une aspiration légitime de tous les hommes, de toutes les sociétés, de toutes les familles et de toutes les races. Un animal n’a point besoin de justice, en tout cas la justice telle que nous que nous l’entendons et percevons.

Dans la jungle, la justice se résume à ce que La Fontaine présente dans ses Fables, en ces termes :  » la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Les humains aussi sont tentés en l’absence de lois de réveiller l’instinct grégaire en latence en chacun d’entre nous mais tempéré par la culture mais surtout la crainte de la justice.

 L’idée de la justice est une véritable épée de Damoclès qui a un effet canalisant, contribuant ainsi à la manifestation de la vérité, à l’équité, et à la paix sociale.

Chez les humains, l’absence de justice crée la jungle, la vendetta des hommes, une quasi reproduction de celle des animaux où la justice est dominée et menacée par les plus forts et les plus puissants.

C’était une appréhension exprimée, il y a plusieurs siècles déjà  par La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir ». L’écrivain dénonçait une justice aux mains des puissants.

 Ce qui est fascinant et brutal chez les bêtes, c’est le droit de la nature qui régule les rapports des individus dans un ordre implacable, fidèle en toute circonstance à sa logique. 

Les animaux ne savent pas tricher, ils ne sont pas manipulateurs ou calculateurs au point de s’adonner à certaines sales besognes, comme le trafic d’influence, l’enrichissement illicite, le détournement de fonds public etc. Ils sont naturels et assurément « innocents » et s’accommodent bien avec les règles de la jungle

Chez les humains, la justice est complexe mais également sacrée. Elle est malheureusement  dans de nombreuses sociétés la propriété, d’une minorité, d’un clan, de tout-puissants qui se démarquent par des comportements qui s’écartent de la norme, et exhibent de manière ostentatoire, attributs et superlatifs ; du superflu et vanité valables seulement le temps d’une vie sur terre.

Or, l’une des vocations de la justice, c’est de ramener les hommes à leurs responsabilités dans leurs agissements et comportements au quotidien pour préserver des valeurs, des intérêts communs ou divergents et de resocialiser dans une certaine morale ou éthique.

En cela, la justice est à la fois « normative », régulatrice et même protectrice, en ce sens qu’elle permet à chacun et à tous de vivre dans le respect des lois sans porter préjudice à la dignité, aux intérêts de tous et de chacun. Ce qui exclut l’impunité pour les uns et la tolérance zéro pour d’autres, une justice à géométrie variable. Celle-ci constitue un véritable obstacle à l’indépendance de la justice et obstrue l’autonomie de ceux qui la rende.

 L’intérêt général, l’intérêt de la société, de la communauté sont susceptibles d’être corrompus, manipulés et exploités à des fins dilatoires ou compromettantes. Dans ce cas de figure, tout le monde regarde du côté de la justice. Elle est attendue comme une bouée de secours censée éloigner le péril. Mais pour ce faire, la justice, elle-même doit avoir le courage de faire face à son procès. Elle doit être irréprochable, indépendante, rationnelle, impersonnelle et publique.  

 On est loin du compte. La justice est souvent le reflet d’une classe dominante ; qui entend asseoir davantage sa suprématie en trouvant une formule peu « controversée » pour justifier ses dérives et déboires. L’une des difficultés de la justice dans de nombreux pays Africains, c’est sans doute le hiatus ou décalage qui existe entre les textes de lois d’une part, et leur applicabilité d’autre part. Ce qui crée un fossé dans l’exécution de certaines décisions de justice.

Finalement, la justice est ramenée à  une littérature juridique bonne pour l’esprit, de la pure métaphysique juridique : de la théorie. Une loi n’a de sens et d’existence réelle et véritable que lorsqu’elle est appliquée à la lettre ; il en va même pour une règle de grammaire ou d’orthographe. 

 Chacun d’entre nous a finalement besoin de justice et de la justice.

Ainsi pourquoi alors craint-on la justice ?

C’est absurde quand on sait que, c’est l’injustice qu’il faut redouter. Le voleur, le malfrat, le brigand, le hors la loi ne doivent pas craindre la justice. Elle lui garantit un procès et un traitement équitable et juste pour éviter un lynchage ou tout autre traitement inhumain.

C’est sans doute ce que le « prince » n’arrive pas à comprendre. Il dompte la justice en votant des « lois personnalisées » qui le confortent et servent ses caprices et fantasmes pour être intouchable, invulnérable tant qu’il est au trône. Mais c’est sans compter sur l’effet boomerang de l’injustice. L’assurance impunité achetée injustement avec le contribuable arrivera à échéance. Et un jour  la justice se « vengera » de l’injustice… 

La justice finalement arrange tout le monde

Mais pourquoi alors cette propension des plus forts à écraser les plus faibles par le recours à des lois générales et impersonnelles ?

Ceux-là finiront toujours par être rattrapés par leur forfaiture : vous êtes puissant aujourd’hui, vous gagnerez beaucoup en mettant en place des lois qui protègent les plus gueux et vulnérables de la société. Demain, ces textes épargneront votre personne et même les siens de l’humiliation et de l’arbitraire.

N’attendait surtout pas de tout perdre et d’être en position de faiblesse pour comprendre que l’injustice est redoutable. Ce n’est pas nouveau de voir le prince tirer à boulet rouge sur l’appareil judiciaire après le tintement de l’horloge de la déchéance. Son coup de gueule ne mérite aucune commisération pendant que le pauvre faute de médiatisation crame dans la résignation sans possibilité de donner sa version des faits.

Finalement, l’injustice ne sert personne. La justice est gage de stabilité, de sécurité et garantit les conditions d’une vie heureuse pour le plus pauvre comme pour le plus riche.

Seyré SIDIBE

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