Kassataya – En Mauritanie, les électeurs sont habitués depuis l’instauration de la démocratie par les militaires en 1991 de voter pour le parti au pouvoir et peu pour l’opposition. La présidentielle de juin prochain s’inscrit dans cette vision avec une campagne qui démarre dans moins de 10 jours.
Et cette campagne s’annonce comme une répétition des élections de 2023 sur le fond et la forme. Avant ce coup d’envoi le climat politique est malsain avec le risque de non-transparence des élections pointée du doigt par l’opposition.
Ses cinq candidats contestent déjà avant les urnes. Au cœur de ce mécontentement, la création d’un observatoire national unilatéral des élections dont tous les membres sont issus du régime de Ould Ghazouani.
Cette impartialité est une atteinte au processus démocratique. Les Mauritaniens vont ainsi vers une campagne sur fond d’un parti du pouvoir avec tous les moyens de l’Etat financier et humain sur un terrain qu’il a déjà conquis.
Et de l’autre côté, cinq candidats de l’opposition en quête d’électeurs pour leur programme de changement. Pour les observateurs, cette confrontation n’aboutira pas finalement avant le 29 juin prochain à des débats contradictoires au niveau des médias publics et privés.
C’est un luxe dans un pays gouverné par des militaires sous vernis démocratique. Et en Mauritanie un débat entre un bilan mitigé d’un président sortant et un projet nouveau de société de l’opposition relève d’une pure fiction.
Les Mauritaniens ne votent pas en général pour des programmes mais pour l’appartenance à telle tribu ou à la même communauté ou sous pression de l’argent appelée achat des consciences.
Et pourtant les enjeux de l’eau et de l’électricité, de la souveraineté alimentaire et la transition écologique, en un mot de bonne gouvernance de l’argent public, suffisent pour voter pour le changement. L’alternance démocratique ne deviendra réalité que si les militaires acceptent de retourner dans leurs casernes.
Cherif Kane