Mauritanie : pour une citoyenneté égalitaire pour tous

Mauritanie : pour une citoyenneté égalitaire pour tous

La société que nous voulons pour les générations présentes et futures doit reposer sur un certain nombre de piliers inamovibles : la justice sociale, la citoyenneté pleine et totale pour toutes les communautés nationales, la méritocratie.

Un modèle démocratique qui promeut la cohésion nationale loin de toutes les formes de discriminations : d’exclusions linguistique, culturelle, géographique, régionale,
tribale ou raciale etc.

Dans ce projet, l’école occupe une place centrale et stratégique. Elle s’évertuera d’être l’école de la république d’abord, au sens stricto sensu avant d’être républicaine.

Elle gagnera en se débarrassant triomphalement des dogmes et idéologies importés et inappropriés qui inhibent jusqu’ici toutes perspectives de la rendre performante pour que cette institution ( l’école) soit le reflet de notre diversité sociale.

Le choix des langues d’enseignement, de la langue officielle, de la langue de l’administration ou encore le statut des langues nationales doit être clairement défini dans une approche pragmatique et non hégémonique. Un choix qui tient compte des réalités sociologiques et historiques du pays, de sa personnalité propre ( multi-ethniques et multi-culturel), en plus des mutations de tous ordres que connaît l’humanité en ce 21 siècle.

Ces efforts ne peuvent se concrétiser que lorsque nos gouvernants et une partie du peuple acceptent, qu’aujourd’hui l’usage quasi généralisé de la langue Arabe exclut une bonne partie des Mauritaniens du droit à l’information. Or, il s’agit d’une composante essentielle de la démocratie et de l’Etat de droit.

Il faut également réinventer les rapports entre les citoyens et les forces de défenses et de sécurité notamment avec la police.
En effet, les bavures policières banalisées, et ayant atteint le pic sous le magistère du président sortant, qu’aucun mauritanien épris de justice ne peut oublier ont exacerbé le désamour entre une partie des citoyens et les institutions de défense et de sécurité.
L’assassinat de l’activiste, Souvi Ould Cheine au commissariat de Dar Naim 2, la mort mystérieuse du jeune Oumar Diop en février 2023 après son interpellation au commissariat de police de la Sebkha, pour ne citer que ces deux exemples macabres restent de mauvais souvenirs, qui continuent de traumatiser chacun d’entre nous.

C’est pour quoi, la citoyenneté ne doit plus être à géométrie variable . Elle doit être la chose la mieux partagée entre tous les Mauritaniens de quelques origines qu’ils soient. Ce qui implique la fin de l’impunité pour tous, et en particulier pour ceux qui se croient des citoyens au-dessus de la mêlée sur la base de considérations fantaisistes et contraires à l’esprit des lois de la république.

En vue de traduire en acte le caractère multiethnique et racial de notre pays tel que stipulé dans la Constitution, des efforts doivent être faits pour que les nominations aux postes ministériels, au sein de la haute administration, les forces de défenses et de sécurité, les directeurs des établissements publics etc. , répondent à la configuration sociale du pays.

Le problème de l’état civil, et la nationalité Mauritanienne doivent être réglé une bonne fois pour toute.
En effet, une bonne partie de nos compatriotes n’arrivent toujours pas à disposer de leur document d’état civil (vivant en Mauritanie ou dans la diaspora). Les fameuses commissions mises en place pour enrôler les rebuts de l’état civil péchent par leur approche trop administrative et verticale, du fait qu’elle part du préjugé que des étrangers chercheraient à passer entre les mailles du filet. Conséquence, beaucoup de citoyens sont pris pour des  » fraudeurs » alors qu’il n’en est rien.

Selon une expérience empirique, certains types de Mauritaniens notamment ceux de la vallée sont beaucoup plus exposés à être apatrides que d’autres.

Par ailleurs, il est temps de solder le passif humanitaire à travers des mesures courageuses ouvrant la voie à une réconciliation nationale véritable, sur fond de retour dans la dignité et le dédommagement des familles déportées. S’y ajoute l’indemnisation des veuves et orphelins des années de braise.

La justice doit être le socle et la boussole de ce projet de société. Pour cela faudrait-il qu’ elle s’affranchisse du poids de l’exécutif, de la tribu, de l’oligarchie et des pouvoirs féodaux locaux.
Le prochain président élu, le 29 juin 2024 doit renforcer le pouvoir de la justice, choisir des hommes de grande probité morale et éthique pour la réformer afin qu’il suscite la confiance du citoyen, qu’elle cesse d’être la justice des plus puissants. Une justice de règlement de comptes.
Un rouleau compresseur qui broie les plus fragiles pour satisfaire les ambitions de quelques privilégiés.

Le prochain président élu gouvernera mieux, s’il arrive à prendre ses distances des différents groupes ( lobbies) qui empêchent la réalisation d’un projet de société plus juste et égalitaire pour tous les Mauritaniens.

Seyré SIDIBE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *