Le prochain dictateur est parmi nous

Le prochain dictateur est parmi nous

La chute des dictateurs en Afrique est souvent un moment où les langues se délient. Le bas peuple se met en extase, jubile et savoure cet instant qui a tout l’air d’une manifestation de la puissance de la justice divine. C’est la vengeance du peuple !

Et chacun comprend combien la mégalomanie, l’arrogance et l’orgueil sont destructrices et peuvent conduire à l’inhumanité, à la barbarie et à l’infamie.

Nos dictateurs sont pourtant, le plus souvent des gens ordinaires au départ avant de devenir antipathiques et tomber dans l’autocratie et le totalitarisme.

Nous avons une part de responsabilité dans la métamorphose de ces hommes et femmes. Certes, ils sont dignes de respect dû à leur rang et grade, cependant dans la plus part du temps, nous avions substitué au respect, par essence réciproque, selon les usages, le culte de la personnalité.

Ainsi seulement, commence le processus de gestation, de germination comme une mauvaise herbe du monstre: la folie de grandeur, la schizophrénie etc.

Si l’on observe la vie des tyrans, sous tous les cieux , elle se résume au narcissisme, à la boulimie, l’insatiabilite et la prédation au sens dénotatif et connotatif; toujours à la recherche de la Gloire pour battre tous les records.

Dans ce projet maléfique et funeste, le dictateur s’arroge les traits du créateur : l’omnipotence, l’omniscience et l’omniprésence.
Il s’attribue tous les titres, toutes les distinctions et les médailles: guide, éclaireur, rédempteur, père etc.

Il se fabrique une généalogie et une biographie taillées sur mesure caractérisées par la démesure, l’extravagance, la fantaisie, l’artificiel sur fond d’une rhétorique surréaliste
poussée jusqu’au ridicule.

Tout ça pour être unique. En effet, le tyran veut ressembler au créateur en toute chose; oubliant qu’il est avant tout une modeste créature.
L’hybrus du pouvoir le rend amnésique au point de se croire immortel, infaillible et invulnérable.

Chacun d’entre nous est porteur potentiel des germes du despotisme. Si nous n’y faisons pas garde, ce côté animal prend le dessus sur le côté humain. La raison, la morale, la maîtrise des pulsions et désirs sont les seuls remparts contre cette aliénation.

L’autoritarisme n’est pas la caractéristique exclusive de l’exercice du pouvoir politique.
En effet, la dictature n’est rien d’autre qu’ un excès d’autorité, une tendance à mépriser les autres, à les humilier par ce qu’il sont différents ou sont porteurs de la contradiction.
Cette attitude, on l’observe tous les jours dans la sphère publique et même privée etc.

L’être humain est toujours hanté par le désir de domination, de créer un mythe autour de sa naissance et de sa famille, en faisant recours à la mythologie, à la légende et à tous autres éléments surnaturels pour expliquer et justifier sa puissance et celle des siens.

Cette puissance est nécessaire pour le despote pour asseoir les bases du pouvoir, de son pouvoir pour intimider, abuser et régner sans partage.

Dans l’univers du dictateur, les collaborateurs, les amis et le peuple n’ont aucune existence, tout est réduit et ramené à la seule personne du chef qui a le droit d’user et d’abuser …

Le dictateur est impitoyable. Il ne connaît ni regret ni remords. Il est imprévisible. Il développe des tendances infantiles qui se manifestent par des comportements dignes des enfants.

Parmi les choses qu’il ne peut pardonner : vouloir lui ressembler tant dans sa façon de parler, de s’habiller etc., et plus grave apporter une contradiction ou penser différemment.

Si la dictature est répréhensible, la simplicité et l’humilité restent des valeurs universelles. C’est en cela que la démocratie est séduisante, elle permet à la base d’interpeller le sommet, de lui demander des comptes sans être inquiétée. Elle ouvre le débat et permet aux différents acteurs, aux différentes forces de défendre leurs opinions : le pluralisme.

Ainsi, la démocratie est avant tout une culture, une manière de penser et d’être qui se manifeste par les actes que nos posons au quotidien.

Elle repose sur la justice, la tolérance, l’acceptation de la différence, la contradiction, l’humilité et la modestie; et implique la probité, la droiture ainsi que des devoirs et des droits.

Seyré SIDIBE

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