Sahara Médias – Le président mauritanien Mohamed O. Cheikh El Ghazouani a reçu lundi soir, au palais présidentiel, 5 journalistes mauritaniens, pour une première interview écrite avec la presse locale depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de quatre ans.
Nous étions cinq journalistes, trois arabophones (Sahara Medias, Sahara et l’agence de presse indépendante Al Akhbar) et deux journalistes francophones (Cridem et le Rénovateur).
Nous sommes arrivés à la présidence à 17 heures et après les mesures de sécurité d’usage, nous avons été introduits dans une spacieuse salle du deuxième étage de la présidence où se trouvaient 5 chaises au milieu desquelles un sixième réservé au président de la république.
Quelques minutes après, le président de la république était entré pour s’excuser pour avoir retardé cet entretien, avec la presse nationale sans oublier d’ajouter que celle-ci n’a pas beaucoup insisté pour l’obtenir.
Ghazouani qui avait accordé auparavant des entretiens à des journaux français, a décidé cette fois d’ouvrir la porte à 5 médias mauritaniens pour lui poser une vingtaine de questions sur les multiples préoccupations des mauritaniens.
La guerre contre Gaza
Depuis des semaines les marches de protestation sillonnent les rues de Nouakchott, tout comme les sit-in devant les ambassades occidentales pour rejeter la guerre contre l’enclave de Gaza, un sujet que le président Ghazouani a évoqué lors de cette interview.
Il a déclaré que la position mauritanienne « est extrêmement claire car les dirigeants et le peuple mauritaniens sont aux côtés du droit du peuple palestinien frère de disposer d’un état indépendant avec Al Qods Chérif comme capitale.
Il a ajouté que « nous sommes solidaires avec ce peuple victime de toutes les formes cruelles de génocide et de déplacement au vu et au su du monde, et je l’ai exprimé en son temps et à plusieurs reprises. »
La Mauritanie a-t-il ajouté est active dans tous les cercles diplomatiques pour parvenir à l’arrêt immédiat de cette folle guerre afin de permettre l’entrée des aides humanitaires urgentes à Gaza.
La lutte contre la corruption
Sur le plan local, le président mauritanien a fermement rejeté les accusations portées contre le gouvernement de manquer de sérieux dans la lutte contre la corruption.
« S’il n’était pas sérieux dans cette orientation il n’aurait pas chargé l’inspection générale de la dévoiler et n’aurait pas coopéré avec la cour des comptes et facilité sa mission. »
Le président Ghazouani a nié que la corruption ait pris de l’ampleur depuis son arrivée au pouvoir, ajoutant que l’approche qui est la sienne est basée sur l’institutionnalisation, la fermeté et la continuité et le souci à ce que la guerre contre la corruption ne soit pas elle une gabegie.
Il a révélé que l’inspection générale de l’état a récupéré 9 milliards MRO et que des personnes impliquées dans le rapport de l’inspection ont été déféré devant la justice. « Il est vrai, a-t-il ajouté, que j’ai recommandé que cela se fasse sans diffamation et sans campagne médiatique ».
Il a réaffirmé qu’il avait pris à chaque fois et immédiatement les sanctions appropriées (administratives, judiciaires ou techniques) dès qu’il recevait un rapport final sur un établissement, avec des recommandations précises.
Les couches vulnérables
Mohamed O. Cheikh El Ghazouani a dit qu’il a trouvé le pays dans une situation difficile, et rappelé qu’après 7 mois de son arrivée au pouvoir, il y a eu la pandémie du corona, suivie ensuite par la guerre de l’Ukraine avec un taux de croissance négatif (0,9%) fin 2020.
Il a ajouté qu’il a réussi, fin 2022, à porter le taux de croissance à 6,4%, à réduire la dette extérieure de 70% en 2019 à 43% en 2022 et à porter les investissements extérieurs directs de 500 millions de dollars en 2019 à 1,5 milliard de dollars en 2022.
Evoquant ses efforts pour réduire l’impact des crises économiques sur les couches vulnérables, ould El Ghazouani a dit qu’entre 2020 et 2023 les dépenses à caractère social ont atteint 623 milliards MRO et que la masse salariale des fonctionnaires de l’état est passée de 156 milliards MRO en 2019 à 242 milliards MRO en 2023.
Exposant les chiffres, le président de la république a souligné l’intérêt porté par le gouvernement aux couches les plus démunies, révélant que plus de 1,5 million de citoyens ont bénéficié du programme Taazour, notamment les transferts cash, les aides alimentaires et l’assurance maladie.
Il a réaffirmé que « malgré ce bilan important et fortement positif, je ne saurais dire que je suis satisfait de ce que nous avons réalisé, et le serais seulement quand chaque mauritanien sera capable de subvenir à ses besoins en toute indépendance, grâce à un revenu tiré d’un travail décent ».
Les infrastructures de base
A propos des retards constatés dans la réalisation de certains projets d’infrastructures de base, le président Ghazouani a reconnu avoir exprimé à plusieurs reprises sa désapprobation quant au rythme auquel progresse l’exécution de certains projets.
« J’ai engagé le gouvernement à imposer aux sociétés chargées des travaux de prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter les délais fixés pour la réalisation des travaux et je veille personnellement à un suivi quotidien du portefeuille des grands projets ».
Ould El Ghazouani est cependant apparu satisfait des efforts déployés.
« Nous avons déployé d’importants efforts dans le domaine des infrastructures lors de la période écoulée de ce mandat et beaucoup a été réalisé dans ce domaine, citant la construction du siège de l’assemblée nationale, celui du conseil constitutionnel, deux complexes ministériels et 12 sièges pour les conseils municipaux ».
Le président mauritanien s’est appesanti sur les infrastructures de base dans les secteurs de l’enseignement, la santé et les routes, révélant que le gouvernement a entamé un programme pour la construction de 3600 classes dont 2300 sont déjà achevées.
Il a cité la construction en cours de l’école nationale de l’administration, du journalisme et de la magistrature, le nouveau complexe universitaire, l’école supérieure du commerce, l’institut supérieur du numérique, l’école pour la formation professionnelle et technique dans le domaine de l’énergie, le pétrole et le gaz, l’extension de l’institut supérieur de l’enseignement technologique.
Il y a eu également la construction et l’équipement de l’école technique, de la formation professionnelle pour les bâtiments et les travaux publics à Riad.
Dans le domaine de la santé, ould El Ghazouani a annoncé la fin des travaux de l’hôpital de Sélibaby d’une capacité de 150 lits, la construction de 20 centres de santé à l’intérieur du pays, 28 points de santé, avant d’ajouter que les travaux sont avancés au niveau de la construction des hôpitaux d’Aleg, Aioun et Tidjikja, l’extension et l’équipement du centre hospitalier national et le centre national des spécialités médicales.
Le président mauritanien a évoqué la réhabilitation de 700 kilomètres de routes en plus de 1450 kilomètres en cours de réalisation, tandis que les travaux se poursuivent au niveau de trois ponts à Nouakchott et qu’ils sont avancés au niveau de celui de Rosso reliant la Mauritanie et le Sénégal.
Toujours dans ce domaine des infrastructures ould Ghazouani a révélé que les travaux se poursuivent au niveau de 140 projets d’investissement importants pour un coût global de 500 milliards MRO, et il est prévu le tiers des travaux s’achève avant la fin du mois d’avril prochain.
Le second mandat
Alors qu’il ne reste que quelques mois de son premier mandat, et avec l’approche des élections présidentielles, beaucoup se sont posés la question si Mohamed O. Cheikh El Ghazouani serait candidat à sa propre succession pour un second mandat.
Dans une interview accordée au journal français « le Figaro » avait dit que la décision appartient au peuple mauritanien et quand la question a été de nouveau posée lors dette interview, sa réponse a été succincte. » Il est vrai que j’ai dit que le fait est entre les mains du peuple mauritanien et particulièrement ma majorité politique. La priorité est actuellement au travail et chaque chose en son temps « .
A une question de Sahara Medias, sur ses convictions, celles qui ont changé et celles qui ont persisté, le président Ghazouani a dit que parmi les convictions qu’il avait lors de sa candidature et qui s’est consolidée avec la pratique est que la démocratie, la concertation, la justice sociale, la sécurité et l’institutionnalisme qui constituent des constantes indispensables pour la réalisation du développement voulu et la construction d’un état stable.