La prééminence des questions nationales sur la doctrine de la politique étrangère.

La prééminence des questions nationales sur la doctrine de la politique étrangère.

Que des Palestiniens et Israéliens s’entretuent et se livrent à une bataille sans fin, l’esprit et la raison peuvent l’entendre et le saisir.
Nous disons tout simplement qu’ il s’agit de la continuité des guerres de religion.

Pour les Israéliens, il s’agit de conquérir un territoire identitaire pour mettre fin à l’errance d’un peuple : un espace vital. Et pour les Palestiniens, c’est d’abord une question de dignité; il ne faut rien céder, en opposant à l’envahisseur une résistance farouche pour ne pas se faire voler un héritage sacré.

Et cette guerre est l’une des injustices les plus vieilles du monde face à laquelle la communauté internationale péche par une partialité et un silence assourdissant à crever les yeux.

En revanche, ce qui est difficile à expliquer, à accepter et à soutenir, c’est le massacre de Mauritaniens par d’autres Mauritaniens, tous militaires de surcroît ayant servi tous sous le même drapeau national et porteurs des mêmes valeurs islamiques.

La pendaison de 28 négro-Mauritaniens dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 par leurs frères d’arme pour célébrer de façon sadique et cynique la fête nationale est digne d’un film d’horreur.

Crimes odieux, parjure irréparable. Absence d’humanité, négation de toute religion et morale.
Cette histoire douloureuse, cette page sombre, cet épisode difficile à raconter, à soutenir et à occulter restera toujours présent, pesant et bourdonnera dans les oreilles et la conscience de tout Mauritanien juste, soucieux de l’unité et la cohésion nationales.

Aucune répression, banalisation jusqu’à la diabolisation, aucune politique nauséabonde et négationniste ne réussira à faire oublier ou effacer ces crimes.
Même le temps, qui en d’autres circonstances efface les preuves et la douleur des victimes par sa force, sa capacité corrosive et évanescente ne réussira à « diluer » cette tragédie.

Seule la justice pourra panser les coeurs saignants. Cette justice attendue désespérément depuis 33 ans par les veuves et orphelins, par une partie du peuple Mauritanien interviendra, un jour comme une espèce de garrot qui arrêtera l’hémorragie et les larmes des familles explorées.

Les Palestiniens sont dans une logique de guerre avec Israël. Chez nous, les événements meurtriers des années 90 – 91 n’avaient rien de tel. C’est un État qui a planifié le massacre de ses fils sur la base de considérations politiques, fallacieuses et schizophrènes.

L’unité nationale se construit sur des valeurs communes qui fédèrent et fraternisent.
L’orphelin comme la veuve Israéliens à l’image de ceux issus des rangs des négro-mauritaniens des années de braise cherchent une seule chose : justice .

Certains comportements inhibent les efforts consentis de manière disjointe dans l’ancrage de la cohésion nationale par les différents régimes qui se sont succédé.

La compassion excessive pour un peuple meurtri au nom des idéaux de notre politique étrangère au détriment d’une partie du peuple, de nous-mêmes. C’est un manque de décence, de l’antipatriotisme qui ne nous rassemble et nous fragilise davantage.
La Mauritanie et les Mauritaniens d’abord tel doit être la doctrine de nos gouvernants.
Cette prééminence des questions nationales et de la citoyenneté doit guider notre politique étrangère pour qu’elle soit cohérente et pertinente.

Seyré SIDIBE

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