Initiatives News – Après sa signature par le président de la République et la Première dame le 17 mars dernier et sa remise aux calendes grecques peu après, l’Appel de Djéol revient en force au devant de la scène avec sa signature en grandes pompes le jour même de l’Aid par le Premier ministre, les membres du gouvernement et d’autres personnalités d’origines diverses.
La déclaration de Djéol qui préconise l’unité et la cohésion des différentes composantes de la société mauritanienne entre en droite ligne des appels récurrents et similaires du président de la République qui, aussi bien à Ouadane qu’à Tichit avait invité les mauritaniens à se départir des mentalités rétrogrades et autres clichés sociaux anachroniques qui constituent un frein à la cohésion sociale.
Banir l’exclusion, le tribalisme, les inégalités sociales et l’injustice sous toutes ses formes, tels sont les idées maîtresses de cette déclaration de Djéol qui plonge ses racines dans le programme électoral du président Ghazouani qui avait promis de mettre un trait sur tous ces fléaux qui sont autant de germes de désunion, constituant du coup une véritable épée de Damoclès sur l’unité nationale.
Mais près de quatre ans après la déclaration de candidature du président de la République le 1er mars 2019 au stade Cheikha Ould Boidiya, les choses n’ont pas beaucoup évolué sur cette question lancinante de la cohésion sociale. Et en dehors des discours officiels généralement très beaux, le statu quo ante est toujours de mise.
Les déclarations du président ne sont pas suivies d’effets même si elles sont momentanément reprises et amplifiées à dessein par ses collaborateurs qui les utilisent juste comme un tremplin pour se faire voir et assurer le maintien dans leurs postes.
Aucune initiative concrète de leur part pour traduire ces belles idées dans la réalité. Et pour eux il suffit juste de les utiliser comme refrain le temps d’un focus médiatique, histoire de se faire remarquer et de rester dans les bonnes grâces du chef et demeurer en pole position pour l’éternel jeu de chaises musicales au niveau de la haute administration.
Et pourtant l’appel de Djéol intervient à un moment crucial de l’histoire du pays, dans un contexte marqué par d’excellentes opportunités économiques, avec en perspective l’exploitation du gaz, la mise en évidence d’immenses potentialités en matière d’hydrogène vert et partant une hausse de cotation auprès des investisseurs internationaux. Il intervient aussi dans un climat sécuritaire sous régional incertain auquel s’ajoute la convoitise des grandes puissances et des multinationales.
Ce sont là autant d’éléments qui doivent inciter les autorités à rompre avec un modèle de gestion particulariste et obsolète basé sur les anachronismes tribaux et familiaux.
Il s’agira de passer aux actes en promouvant l’inclusion de tous les mauritaniens dans la gestion des affaires et en instaurant une véritable justice sociale.
La sacralité de l’Etat ne doit plus être un vain mot. La tribu doit être reléguée au second plan et cesser d’être l’unique tremplin pour l’ascension sociale.
Le droit des minorités et autres marginalisés et sans tribus doit être reconnu concrètement et respecté. Ils doivent avoir leur part du gâteau et être présents au niveau de tous les leviers de commande.
Ce n’est en effet qu’en ce moment là et à ce prix là que la cohésion sociale cessera d’être une simple chimère et que tous les mauritaniens sentiront leur appartenance à une communauté de destin et qu’enfin nous tendrons vers cette nation derrière laquelle nous courrons depuis fort longtemps.
Les notions de patrie et de citoyenneté doivent être vulgarisées et recouvrir tout leur sens.
A l’occasion de la prière de l’Aid ce vendredi à la mosquée Ibn Abass un homme a interpellé le président de la République l’invitant à faire attention à tous ces laudateurs passés maitres dans l’art de l’encensement et de l’envoutement, qui ont déjà usé du même subterfuge pour couler son prédécesseur.
Un bon conseil que le président de la République doit prendre en compte car comme le souligne le proverbe : « Les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs. »
Bakari Gueye