Le 9 mars 2024, le député et président du mouvement antiesclavagiste IRA, Birame Dah Abeid, a reçu une distinction inégalable : le Prix du Saint Coran, décerné par le groupe « Bassa’Irou Al Quran ». En cette occasion, le récipiendaire a tenu le discours ci-après.
Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ! Que la bénédiction et la paix soient sur le fidèle émancipateur. Oh vous qui adhérez aux « Idées du Coran », qui avez suivi le chemin de la réconciliation entre les gens !
Que la paix de Dieu soit sur vous, et la paix de l’Islam, et ses salutations sur vous, mes frères et sœurs, compagnons de chemin sur la voie de la déclamation de la vérité en face, au su et à la vue des détenteurs du pouvoir temporel et suppôts de la tyrannie.
Proclamer la vérité, sans prêter attention à l’humeur de la créature, être honnête dans ses paroles, être loyal envers les faibles et les opprimés, rejeter l’injustice, endurer les affres de la vie, réfléchir, planifier et travailler avec diligence pour ce qui est le mieux pour la nation et le monde, desserrer les chaînes de la servitude et honorer l’humanité. Tels sont les principes dont nous nous sommes imprégnés par le bon sens et l’éducation, mais aussi grâce à l’environnement local dans les plaines de la Chemama, où je suis né, sous une pergola faite de bois et de roseaux et une tente en toile, à l’automne de 1965.
Seul Allah connaît le mois et le jour de ma naissance, dans un milieu marqué par la vie des paysans, des esclaves et esclaves affranchis (Haratin), des musulmans innés, dont la vie est rythmée par le travail de la terre qu’ils sèment à travers des champs de céréales et de potagers, et où ils élèvent leurs troupeaux d’animaux et de la volaille.
Cher public, nous avons obtenu notre éducation d’abord dans un milieu et dans une culture spécifique, celle d’une société formée par des gens simples, qui gagnent leur vie par le travail de leurs mains et à la sueur de leur front. Ils ne revendiquent ni lignage ni préférence sociale fausse et étrangère à la doctrine et à la philosophie de l’Islam, qui repose sur le principe : « le plus honorable d’entre vous aux yeux d’Allah est le plus pieux ».
Je suis né et j’ai grandi parmi des générations qui préfèrent les gens à leur propre être, qui écoutent beaucoup et n’hésitent pas à leur accorder leur confiance.
Quant au deuxième étendard de notre humble éducation, pour lequel nous remercions Allah pour ses principes solides et sa fermeté face aux tempêtes de distorsion et de changement, Allah nous l’a accordé lorsqu’Il a mobilisé pour nous les efforts d’un homme juste et voyageur, professeur qu’Allah nous a amené des anciennes écoles coraniques du Fouta, le professeur en sciences coraniques et jurisconsulte Cheikh Alpha Ibrahima Njaté, aujourd’hui enterré dans le village de Wothie au Brakna.
Mon seigneur Alpha, qu’Allah lui accorde sa Miséricorde, est celui qui m’a appris la langue arabe, le Noble Coran et le Noble Hadith. Il est l’une de nos forteresses et l’une de nos armes, celui qui nous a guidés et à suivre ce qui profite aux gens et qui reste sur terre, pour combattre ce qui nuit et avilit.
Bonnes gens, je ne faisais pas partie de ceux parmi ma génération qui ont eu la chance de poursuivre des études supérieures dans les pays occidentaux. Je ne me suis rendu au Sénégal, pays voisin pour des études supérieures, qu’à l’âge de 35 ans.
Ô vous qui êtes éclairés par les idées du Coran, votre frère qui est devant vous a été cependant honoré par l’Occident, le monde et les représentants des Nations Unies ici même dans cette patrie. Ils l’ont trouvé ici, avec ses compagnons, sur la trace et les enseignements de l’alliance « Al-Fudul Al-Qurashi Al-Makki », comme si notre État et les détenteurs du pouvoir temporel avec toute leur force nous avait confinés, nous le peuple d’Ira, dans « le peuple reclus des Bani Abdul Muttalib ». C’est pourquoi, les juristes internationaux et occidentaux nous ont tendu la main. Une main et une aide providentielle, à l’image du geste de Al-Mut’im Ibn Adi et de Abu Al-Bakhtari, en direction du maître de l’Humanité et le meilleur de la création, Mohamed Ibn Abdallah (PSL). Qu’Allah le bénisse et lui accorde la Paix.
Et aujourd’hui, honorables gens, après avoir reçu les plus grands prix et distinctions du monde : le Weimar City Award en Allemagne, le Front Line Award à Dublin en Irlande, le United Nations Great Work Award à New York, en Amérique, et les Echoes of Africa en Philadelphie, Amérique, le Prix Tulipe du gouvernement néerlandais à La Haye, le prix ICNC pour la lutte pacifique à Boston, Amérique, le prix Heroes of Human Liberation Award du Congrès américain et du gouvernement de Washington, ainsi que les distinctions honorifiques des magazines Times et Forney Policy qui me citent sur la liste des 100 personnalités les plus influentes au monde pour les années 2017 et 2020, les magazines Jeune Afrique et Financial Africa qui m’ont cité dans la liste des quinze personnalités africaines les plus influentes au monde pour l’année 2017, le Prix Mémoire et Partage à Bordeaux, France 2017, le Prix du Courage décerné par le Sommet de Genève sur la démocratie et les droits de l’homme 2020, et le Prix Sakharov, dont le régime mauritanien m’a privé, en versant des pots-de-vin à des parlementaires européens, qui ont ensuite payé le prix de leurs forfaitures en perdant leur immunité, puis en se faisant déferrer en prison et en perdant leur poste.
Cette liste de récompenses et d’honneurs prestigieux et internationaux, sont cependant tous incomparables par rapport à la récompense que nous honorons ce soir, accordé par le groupe Basa’ir Al-Qur’an, à savoir le Saint Coran : les paroles d’Allah, le Créateur. Il est le Seul à donner la vie et à provoquer la mort. Il est le Possesseur de la Majesté et de l’Honneur, et il a pouvoir sur toutes choses.
Mes frères et sœurs, je ne peux conclure ce mot sans saluer les femmes et les hommes brillants à travers le monde qui ont œuvré depuis des temps immémoriaux et tout au long de l’histoire de la lutte entre le bien et le mal qui a imprégné l’histoire des enfants du prophète d’Allah Adam et de notre immaculée mère Hawa.
Hier, c’était une fête pour les filles du père des Hommes et les petites-filles de la mère Hawa. Je profite de cette occasion pour saluer le rôle, les efforts et les sacrifices de Mme Laila Ahmed, la maîtresse de cette maison, l’invitée d’honneur, le support et la main secoureuse des personnes en détresse et l’éducatrice des orphelins. Elle m’a soutenu et me soutient toujours au milieu des attaques, de l’emprisonnement et de la lutte de la meilleure façon possible. Elle est également une combattante et une leader dans le domaine de la confrontation face aux forces de la violence brutale et de l’oppression. Son cœur n’a jamais flanché ni cédé au désespoir. Elle n’a jamais hésité pour défendre le bien et n’a jamais abdiqué devant l’iniquité.
Merci tant que durera le monde, tant que durera le visage d’Allah, le Bienheureux et le Très-Haut.
Biram Dah Abeid
Adabaye Piké (Riyad)
Nouakchott Sud
9 mars 2024