Le Calame – Sincèrement, dites-moi quel bilan pouvons-nous dresser depuis l’arrivée au pouvoir de Son Excellence Monsieur le Président de la République ? Les temps courent si vite ! On dirait même les signes de la fin du Monde, puisque le jour est aussi court qu’une heure, la semaine qu’un jour et le mois une semaine.
Faites donc le calcul : notre Président n’aura ainsi régné qu’à peine une dizaine de mois ! Et « C’est quoi le bilan ? », comme disent les joueurs d’une partie de belote avant de parler. Il y a d’abord que le président a été investi. Puis la réhabilitation de tous les anciens/nouveaux visages de la scène politique, de la gabegie économique, du microcosme des nuits et des jours de Nouakchott.
Puis l’opposition apprivoisée à coup de gentils salamalecs et d’audiences polies, avec raccompagnement et invitations aux soirées garnies des fêtes nationales et autres cérémonies de déjeuners ou dîners organisées en l’honneur de celui-ci ou de celui-là.
Puis les ponts de Hay Sakine et du carrefour Bamako toujours en construction, occasionnant les pires embouteillages de Nouakchott, de l’Indépendance à maintenant. Puis le sauvetage de Chebou qui ne dormira pas sur les rives de Boumdeïd. Puis le discours, ô combien historique, lancé depuis l’Espagne nous déchantant que nous sommes un pays pauvre très peu développé.
C’est quand même important de savoir qui nous sommes pour ne pas se tromper la tête. Puis il y a eu de nombreux voyages. Partout à travers le monde.
Des voyages comme en font tous les Présidents avec un grand P. Et, j’allais oublier, il convient d’ajouter au bilan l’achat d’un avion présidentiel pour transporter le Président, son ministre directeur de cabinet, son directeur de protocole et ceux des autres ministres, conseillers ou chargés de mission dont le tour est arrivé d’aller en voyage et de percevoir de substantiels frais de mission.
Puis le débarquement/embarquement des uns et des autres dans les au moins trois gouvernements de ce premier mandat finissant.
Généralement, les nouvelles recrues– excusez le caractère militaire du terme – procèdent, juste après leur nomination, à quelques actions d’éclat.
Puis elles se rangent dans le rang – excusez encore la formulation bidasse… – et deviennent beaucoup plus sages. Comptons encore les discours de Ouadane et de Djéol où le Président nous a appris que moi, je suis égal à toi ; toi égal à lui et nous tous égaux les uns avec les autres.
Que des égalités ! Et puis il y a aussi les délestages intempestifs de la SOMELEC, les coupures assassines des eaux de la SNDE et les incongruités chiantes de la MAI qui fait poireauter de pauvres citoyens plus de soixante-douze heures dans un aéroport de Casablanca.
Le pacte républicain, le ou la COVID, la guerre en Ukraine, l’école républicaine et, tout récemment, le déluge d’Al Aqsa ! Ça fait beaucoup, en fait… Salut !
Sneiba El Kory