La justice est une demande croissante et régulière du plus faible tant qu’il est dans cette posture vulnérable.
Il crie sous tous les toits, en scandant justice, justice.
Il s’emploie dans la caricature, la violence, l’injure, la haine sur fond de victimisation quasi éternelle : c’est sa ligne de défense.
A contrario, le plus fort est toujours dans la négation. Il entend préserver son confort à tout prix.
Une position et un statut, des intérêts qui le rendent aveugle, sourd et même des fois insensible, impitoyable voire cruel.
Il défend en toute circonstance, la justice du pouvoir dont les décisions le réconfortent dans sa position :
» Justice a été rendue », » La justice est indépendante », « Faisons confiance à la justice ».
« Nous sommes dans un pays de droit ».
C’est la rhétorique du plus fort, par ce que jusque-là, le destin a voulu qu’ il soit du » bon côté ». Mais pour combien de temps ?
L’être humain est fondamentalement égoïste et malhonnête. Celui qui pleure aujourd’hui et qui dénonce à tout bout de champ l’injustice,
adopte le même raisonnement, la même logique que son bourreau, en d’autres circonstances où le sort a voulu qu’il soit plus puissant qu’un autre.
Le nouveau héros s’approprie et perpétue avec arrogance les mêmes mots, le même comportement et les mêmes phrases et frasques de celui qu’il présentait comme son bourreau, celui qui a symbolisé le mal absolu.
Finalement où est la justice ?
Et pour quoi, tant de malendus autour de la justice ? La justice n’est-elle pas une affaire d’intérêts tributaire de la position que nous occupions ?
Le plus fort comme le plus faible appellent de leurs voeux à la justice et fustigent tous l’injustice. De la pire diversion. La vérité brille d’elle-même, même immergée dans les profondeurs de l’océan, elle finit toujours par revenir à la surface de l’eau.
La justice n’est pas toujours synonyme de vérité contrairement à ce qu’on veuille nous faire croire. Elle est souvent l’expression ou le délibéré du plus puissant.
Le temps est le meilleur des juges. Un jour, le faible devient fort et le fort faible.
Et l’on se rend compte qu’aucun d’entre eux n’est juste et ne pose des actes de droiture et de probité. Ils se servent de la justice qu’ils instrumentalisent au gré de leurs situations du moment.
Cela est d’aucun plus vrai qu’à chaque fois qu’il y a un changement de régime, ceux qui défendaient le pouvoir deviennent ennemis de la justice, dès qu’ils perdent leurs privilèges, à la suite d’une déchéance.
Les victimes d’hier, promues et réhabilitées, changent d’éléments de langage. Désormais, elles s’érigent en défenseurs du système et du pouvoir.
Rares sont ceux qui s’apitoient sur le sort du faible, du gueux et de l’indigent tant qu’ils sont du « bon côté » .
Ses Récriminations, ses protestations et ses lamentations sont regardées comme des caprices et des fantasmes qui ne méritent aucune commisération.
La justice, c’est notre justice. Elle est le reflet de notre société, de notre personnalité en tant que nation ou continent.
Chacun d’ entre-nous aura un jour ou l’autre rendez-vous avec elle.
Autant la rendre impersonnelle et juste pour tout le monde pour éviter les représailles de la justice contre l’injustice. Elle risque d’être vengeance, chasse aux sorcières, règlements de comptes : le chao.
Seyré SIDIBE