Présidentielle : contestations avant les urnes

Présidentielle : contestations avant les urnes

Le Calame – À quelques deux semaines du démarrage de la campagne électorale, les candidats de l’opposition annoncent les couleurs : ils n’entendent pas laisser passer la fraude dont elle suspecte déjà le pouvoir en place.

La première entrave à la transparence du scrutin relevée est la « décision unilatérale du gouvernement » de mettre en place un observatoire des élections. C’est en effet sans aucune concertation avec l’opposition que le Premier ministre a, le 26 Mai dernier, installé celui-ci.

Dans un communiqué diffusé jeudi (30 mai) au cours d’un point de presse, l’Institution de l’opposition démocratique (IOD) a rappelé que les journées de concertations organisées en Septembre 2022 entre les partis politiques et le ministère de l’Intérieur avaient recommandé la fondation d’un tel observatoire en concertation entre les acteurs politiques.

Et ledit communiqué de souligner la première clause de l’aliéna 4 de cet accord : « le gouvernement s’engage en concertation avec la CENI et les partis politiques à réviser et à appliquer le décret N°078-2013 pour donner à l’Observatoire national des élections plus de pouvoirs et de moyens lui permettant d’élargir sa présence effective au niveau régional et local ».

Réagissant à la décision du gouvernement, le comité de supervision de l’IOD menace de fonder son propre observatoire des élections afin de « surveiller le travail de la CENI ». Pour l’IOD, la décision unilatérale du gouvernement viole une recommandation adoptée de manière consensuelle et ne favorise pas un climat de sérénité, gage d’un scrutin transparent et crédible : « Un observatoire dont les membres sont choisis par un seul camp ne garantit pas l’indépendance, c’est un juge et partie ».

Cinq candidats interpellent la HAPA

L’opposition ne s’arrête pas là. Bien au contraire : ses candidats à la présidentielle ont saisi la Haute autorité de presse et l’audiovisuelle (HAPA) d’une « notification et d’une plainte ». Dans un courrier en date du 30 Mai, Outouma Souleymane Soumaré, Biram Dah Abeïd, Hamadi Sidi El Moctar, Id Mohameden M’Bareck et Bâ Mamadou Bocar dénoncent le « traitement partial de l’information par les media publics, au profit d’un seul candidat » ; Ould Ghazwani, pour ne pas le nommer. Pour ces prétendants au fauteuil présidentiel, « la radio et la télévision sont devenues, depuis quelques semaines, des plateformes de propagande électorale pour un candidat spécifique ».

Étayant leur argument, le communiqué énumère quatre faits : la préparation et la diffusion de reportages visuels et audio relatives aux activités des initiatives de soutien à ce candidat ; le suivi, par ces institutions, de réalisations de la dernière mandature et leur promotion de manière publicitaire et explicite ; l’attribution d’un espace fixe pour ce candidat dans tous les bulletins d’informations à la radio et à la télévision, notamment aux heures de grande écoute.

Face à cette situation, les candidats rappellent à la HAPA son rôle, notamment sur ce que prévoient les articles 3,4 et 5 (nouveau) de l’ordonnance N°034-2006, depuis modifiée (2008 et 2022), formalisant cette institution. Ils exhortent celle-ci à « exercer son rôle de supervision de manière exhaustive, pour garantir l’impartialité des médias publics et préserver les droits de tous les candidats, conformément aux dispositions légales en vigueur ».

L’article 5 de la loi précitée confère à la HAPA la mission d’assurer l’«accès équitable des partis politiques aux media et autres moyens de communication publics ».

Dalay Lam

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