Nos partis politiques ne sont pas réellement fondés sur un socle idéologique ou un programme de société…
Ce sont des instruments créés par des hommes cherchant le pouvoir…Les adhérents ne voient pas donc un but, des ambitions, des orientations mais voient un homme et son image et le suivent quel que soient ses idées et ses principes.
Lui, il est soit allié au pouvoir on parle alors d’élément de la majorité, satellite du système, soit contre le pouvoir et son existence il est alors opposant.
Ce terme d’opposant si vous faites attention n’existe pas dans les pays démocratiques occidentaux. C’est un concept que l’on retrouve surtout dans les pays africains… où l’on se bat plus par aspiration à remplacer celui qui est au pouvoir sant trop réfléchir à ce qu’on va proposer de faire à sa place. D’où le marasme permanent dans ces pays…
En Mauritanie les militaires putschistes depuis 1978 n’ont jamais eu de programmes réels, ce sont plutôt des formalités d’usage que l’on remplit pour la consommation extérieure et une fois installé on manœuvre par saupoudrage et colmatage pour maintenir un système dont le principal objectif est de sauver l’essentiel : la paix, la stabilité, et l’existence du pays …
C’est déjà un acquis que les thuriféraires s’emploient à louer à longueur de journées et de nuits…tout le reste étant une valeur ajoutée…
La mutation du général au président civil élu démocratiquement n’y a pas changé grand chose…
Quant aux civils, les principaux leaders politiques connus, n’ont jamais voulu réellement exposer leur fond idéologique préférant s’accommoder d’un flou artistique où chacun puisera selon ses besoins et où lon ménage les susceptibilités d’une population très traditionaliste et astreinte à le rester jusqu’à nos jours par un ancrage indécrottable aux anachronismes figés.
Ni les cadres du RFD, de l’UFP, de Tawassoul, de Sawab etc…ne se sont vraiment donnés à étayer leur vrai soubassement idéologique préférant le garder au niveau du cercle restreint des bureaux exécutifs et encore…
Seuls les Flam et IRA n’ont aucune gêne à exhiber le fond idéologique de leur combat ce qui les met d’ailleurs sur la sellette et au ban d’une société où l’on abhorre la franchise et les expressions sans détours… et où on quelque part les vérités crues qui heurtent les esprits…
Ce qui aussi a approfondi le fossé entre des communautés où dans l’une les beydanes en dehors du fait religieux le consensus et l’ambition se sont construits autour des privilèges du pouvoir et comment y accéder et les conserver et dans le reste de la population surtout haratine et negroafricaine, comment accéder à ces privilèges par la prise du pouvoir….
Heureusement qu’après les années noires de 86 à 92 …on est passé des propensions à la lutte armée à l’adoption de la lutte pacifique par le biais des joutes démocratiques.
Les Mauritaniens doivent se réveiller et prendre conscience qu’ils seront obligés tôt ou tard de réfléchir ensemble pour une analyse de la situation politique et institutionnelle du pays en vue de l’adapter à l’évolution visible de la société dont la demande en démocratie réelle et en libertés est croissante…
La jeunesse surtout vit des réalités et des paradigmes totalement contradictoires avec les certitudes de la génération au pouvoir…
Il faut rapidement revisiter le paysage avec pour objectif de préparer la passation du témoin par le truchement d’une transition globale, perspicace, et ciblé… sinon les heurts seront inévitables.
La gestion des affaires courantes au quotidien est certes importante mais elle est fatale si elle n’est pas accompagnée d’efforts de recherche, d’études, de prospectives etc.
Cet aspect manque cruellement à notre mode de gouvernance où il est clair qu’on tâtonne et qu’on gère le pays au jour le jour.
Imam Cheikh