Comme un cimetière, Nouakchott, notre capitale politique ne change presque pas, elle ne fournit aucun effort pour au moins se maquiller de temps en temps et cacher ses imperfections ne serait-ce que pour séduire.
L’un des curseurs de ce refus de changement sur lequel fonde notre argumentation reste les inondations qui plongent, chaque année à la même période plusieurs quartiers dans une incommodité indescriptible et sans précédent.
Tous les ans, dès la première précipitation c’est la même rhétorique. Un plan d’assainissement est prévu et sera mis à exécution pour trouver une solution définitive aux eaux de pluies.
On essaie de rassurer les populations.
On va au chevet des sinistrés pour constater les dégâts.
On fait semblant de s’apitoyer sur leur sort.
On envoie des camions citernes pour aspirer les eaux stagnantes, objet de désagrément pour les riverains.
Une opération qui a toujours montré ses limites du fait que certains quartiers sont oubliés.
Ce qui les exposent à de nombreuses maladies hivernales- diarrhée, paludisme etc.- dues à la présence des eaux stagnantes dégageant une odeur pestilentielle, terreau fertile de reproduction des mouches et moustiques.
En plus de cette situation saisonnière pleine de désolation, Nouakchott est une ville sale , et sans culture de gestion des ordures et déchets. Les populations se soucient peu de la propreté de leur cadre de vie.
On se demande à quoi sert la commune ? A-t-elle vraiment des compétences ?
Que fait-elle de celles-ci ?
En théorie, les communes sont chargées, entre autres de l’assainissement, l’enlèvement des ordures et l’hygiène et ce depuis 1987, une année phare dans le récit chronologique de la décentralisation en Mauritanie : » la commune est une collectivité territoriale de droit public dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
Pour l’exercice des compétences que lui confrère la loi, elle dispose d’un budget, d’un personnel et d’un domaine propre » Art. 1 de l’ordonnance du 20 octobre 1987.
Dans la réalité, nos collectivités locales ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. Elles cumulent toutes sortes de retards résultants de l’immixtion de l’Etat dans la gouvernance locale, du manque cruel de moyens, des ressources et des compétences etc.
Et assurément d’un manque de volonté de construire une administration territoriale à la hauteur des attentes des populations et des défis de développement.
Une telle situation est de nature à éloigner toutes perspectives de promotion d’une politique de décentralisation viable et pertinente, soit un changement de paradigme dans la gouvernance locale avec un État central visible mais avec moins d’emprise et de présence.
En effet, l’approche techniciste, dirigiste « top down » a montré ses limites dès lors que le territoire n’est plus un réceptacle.
Chaque territoire a une identité, une personnalité.
Le territoire est loin d’être un simple espace géographique neutre. Il est le fruit d’un processus de construction historique, socioculturelle, non reproductible et non transférable.
Ainsi pour dynamiser nos collectivités territoriales, il va falloir inventer un nouveau compromis entre l’Etat et les collectivités territoriales dans la logique : « Moins d’Etat mieux d’Etat ».
En effet, un Etat trop présent et qui veut tout contrôler est révolu. C’est encombrant et source de crispation et de tension de nature à inhiber le développement.
Alors qu’autour de nous, chaque jour est une victoire sur le temps, chez nous le chrono semble suspendu. C’est le statu quo éternel. Si bien qu’on en est arrivé à perdre la notion du temps. Or, en l’absence de temps, il n’y a point de cap. C’est l’immobilisme.
Et pourtant, nos gouvernants on bien conscience de l’écoulement temps. En effet, la vie publique est organisée autour des calendriers tantôt hégirien tantôt grégorien.
La dynamique du temps qui passe, du temps perdu, du temps gaspillé se voit, s’entend dans les projets publics qui traînent en longueur.
Un marqueur de mauvaise gouvernance et de négligence dans l’attribution des marchés publics.
Seyré SIDIBE