L’existence d’une loi spécifique, qui protège les femmes et les filles contre les violences à leur égard en Mauritanie n’est pas un crime, il en existe partout.
En effet avec la recrudescence du viol, des violences conjugales etc. ( 2020 à 2023) justifie amplement l’existence d’une loi spécifique. Celle-ci devient une urgence pour protéger les femmes et les filles dans notre société encore fortement patriarcale.
Après 16 jours d’activisme dans le monde qui débute du 25 novembre de chaque année coïncidant avec la journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, le 10 décembre, un atelier de réflexion pour l’adoption de la loi Karama a eu lieu à Nouakchott.
Ainsi le samedi, 10 décembre 2023 , la coalition AMANE/ Collectif des femmes défenseures des Droits des femmes/l’espace Femmes militantes à visions croisées a organisé un atelier de réflexion, de concertation, de plaidoyer pour l’adoption du projet de loi Karama relatif à la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles en Mauritanie.
Karama qui veut dire en Arabe dignité est bien le nom de ce projet de loi, qui répond aux attentes de toutes les femmes mauritaniennes
Le texte vise à doter l’arsenal juridique mauritanien d’une loi qui protège et défend les femmes contre toutes violences, et ce en depit de sa diabolisation par ses détracteurs.
Les travaux de cet atelier qui réunit une dizaine d’organisations de la société civile, des parlementaires, des hommes et des femmes leaders de différents secteurs ont été ouverts par la coordinatrice de la coalition Mme Sektou Mint Mohamed Vall qui a expliqué les tenants et aboutissants du projet de loi en s’appuyant sur le contexte de la recrudescence des violences faites aux femmes et filles.
La présidente de l’observatoire nationale pour les droits de la femme et des filles Mme Mehla mint Ahmed a, elle aussi insisté sur l’importance d’une telle loi pour protéger les filles et les femmes contre les violences mais aussi la nécessité de sensibiliser la population et l’opinion publique sur le projet de loi pour une bonne vulgarisation en vue de son adoption par
les parlementaires.
D’éminents experts en Droits de l’Homme et juristes, notamment Haroun ould Oumar ould Ideghbi et Dr Haimoud Ould Ramdhan
ont mis en relief la pertinence de la loi Karama, précisant qu’elle tire sa quintessence de la charia islamique qui est aujourd’hui l’unique source du droit dans le pays.
Mr Haroun Ould Ideghbi a fait un brillant rappel de la définition de plusieurs formes de violences notamment le viol, la violence conjugale, le mariage précoce etc.
Quand au docteur Haimoud Ould Ramdhan, il a insisté sur le fait que la Mauritanie est à jour sur le plan international car elle est signataire du Bloc des Droits de l’Homme, autrement dit toutes les conventions qui défendent les droits de la femme y compris la CEDAW sous réserve bien sur.
Cependant , il a aussi souligné l’existence d’une panoplie pénale très ancienne qui doit être révisée et actualisée.
Après les exposés les participants ont été répartis en deux groupes de travail.
Le premier est chargé d’élaborer un plan de communication et de sensibilisation alors que le second s’est attelé à la mise en oeuvre d’une stratégie de plaidoyer.
La journée a été clôturée par une série de recommandations et de propositions d’activités en vue de faciliter l’adoption du projet de loi Karama.
Mariya Traoré.