Le discours du Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à l’occasion du lancement de la campagne agricole 2022-2023, est une invitation au travail, à la fraternité et au patriotisme. Mais, comme souvent, la ferveur et l’effervescence suscitées par la visite, du chef de l’Etat prennent le dessus sur l’évènement : nous sommes un peuple de fêtards.
Au-delà, du ton donné pour la révolution verte, ainsi que la détermination des autorités à accompagner, soutenir, encadrer les agriculteurs pour atteindre les objectifs fixés : 300.000 hectares de cultures agricoles diverses, en vue de couvrir 47 % des besoins nationaux de céréales traditionnelles et quatre-vingt-treize 93% pour cent en riz etc., cette allocution met le citoyen, au cœur du développement.
Par ailleurs, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens : il a alloué une enveloppe de 4.638.744.751 MRU à la campagne agricole, un montant considérable, à la mesure des nobles ambitions des autorités du pays. Cependant, dans un style propre à son tempérament, à son calme olympien et respectueux de ses interlocuteurs, le Président de la République, a insinué et même dit, pour qui veut entendre et comprendre, que l’Etat ne peut à lui seul tout faire. Il faut l’implication effective et totale des citoyens, soutenue par une dynamique de changement de comportements et de pratiques, de nature à inhiber les efforts de l’Etat.
C’est ainsi que Mohamed Oud Cheikh El Ghazouani a appelé au renoncement de la paresse et de la dépendance. En effet, la paresse est la mère des maux ; elle est synonyme d’aliénation, d’asservissement, d’abandon de tout amour-propre et de dignité.
A contrario, le travail est libérateur et représente l’une des valeurs centrales de notre époque : c’est un outil de développement, d’épanouissement et de progrès. Dans cette intervention, le Président de la République a fait un autre clin d’œil aux Mauritaniens : la résolution des conflits fonciers. En effet, l’accès à la terre constitue un frein au développement de l’agriculture, dans la mesure où, certaines catégories sociales en sont exclues, alors que la terre ne manque pas. L’altruisme et la générosité sont ainsi nommés implicitement comme solutions…
Autre goulot d’étranglement à la révolution verte annoncée par les autorités ; les conflits entre éleveurs et agriculteurs. Deux acteurs clés du développement opérant dans un même espace vital, mais en perpétuel désaccord aux intérêts à la fois convergents et divergents.
Si l’Etat est résolument engagé à réaliser la souveraineté alimentaire, force est de constater qu’il ne peut atteindre, cet objectif louable et salutaire sans l’adhésion et la participation des citoyens. Pour ce faire, ces derniers doivent de leur côté jouer leur partition.
En définitive, ce discours du chef de l’Etat invite les Mauritaniens à plus de responsabilité. C’est tout le sens des écueils nommés, dans le discours de Tamchekett, qui est une invitation au changement positif des Mauritaniens.
Seyré SIDIBE