Ce matin, mon collègue Balla Touré et moi-même nous sommes rendus à la place de la liberté pour exprimer notre solidarité avec les veuves et orphelins, victimes de l’épuration et du génocide de 1989.
Ce dossier, communément appelé « passif humanitaire », reste non résolu depuis trop longtemps. Le pouvoir en place refuse toujours de l’aborder de manière juridique, privilégiant des arrangements qui ne sont que des tentatives d’achat de silence.
Rappel des faits historiques :
En 1989, la Mauritanie a été le théâtre d’un épisode tragique de son histoire, souvent qualifié de génocide ou d’épuration ethnique. Ce drame a pris racine dans des tensions ethniques et politiques entre les communautés maures (arabes berbères) et négro-mauritaniennes (peuples noirs africains), aboutissant à des persécutions massives.
Suite à des affrontements entre bergers mauritaniens et fermiers sénégalais, le conflit s’est transformé en un cycle de violences qui a conduit à l’expulsion de milliers de Mauritaniens noirs vers le Sénégal et le Mali, ainsi qu’à l’assassinat de nombreux civils.
L’État mauritanien a orchestré une campagne d’épuration ethnique, ciblant les soldats et fonctionnaires noirs au sein des institutions publiques et de l’armée. Des milliers de personnes ont été arrêtées, torturées, exécutées ou forcées à l’exil.
Les victimes, en grande majorité des Peuls, Soninkés, Wolofs , ont vu leurs familles disloquées, leurs terres confisquées, et beaucoup ont vécu dans la peur et l’exil pendant des décennies. Ces crimes atroces, restés impunis, continuent de hanter notre société et notre conscience collective.
La nécessité de justice aujourd’hui :
Ce problème me tient à cœur, et je m’engage à le défendre avec fermeté devant l’hémicycle. Il est impératif qu’un processus de justice transitionnelle soit mis en place pour que lumière soit faite sur ces événements douloureux.
Seule une justice équitable pourra établir la vérité sur ce qui s’est passé, et les coupables doivent être mis en accusation et payer pour leurs crimes. Ils ne peuvent échapper à la justice, et leurs actes doivent être jugés. C’est à ce prix que nous pourrons rendre justice aux victimes. Les familles des victimes doivent être soutenues et indemnisées, en mémoire de ceux qui ont souffert et perdu la vie. Leur douleur ne peut être ignorée, et la réparation est un devoir moral que nous devons tous porter.
Le pouvoir actuel cache son irresponsabilité derrière la loi d’amnistie. L’abrogation de cette loi est un impératif absolu pour permettre une réelle volonté politique de justice. C’est une étape essentielle pour que la vérité soit dite, que les torts soient réparés et que les coupables soient sanctionnés.
Je fais appel à mes collègues députés pour nous unir et œuvrer ensemble à l’abrogation de cette loi. Nous ne pouvons continuer à fermer les yeux sur ce chapitre tragique de notre histoire. La justice, la vérité et la mémoire des victimes doivent prévaloir.
Je soutiens cette cause noble avec détermination, et je continuerai à la porter tant que justice ne sera pas rendue.
Khally Diallo
Député du Peuple
