Suppression des bourses pour bacheliers : une aberration stratégique du nouveau ministre

Suppression des bourses pour bacheliers : une aberration stratégique du nouveau ministre

Mauriweb – À peine quelques jours après la prise de fonction du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Yacoub Ould Moine, le ministère a annoncé une série de réformes en préparation de l’année universitaire 2024-2025.

Parmi ces réformes, une décision particulièrement controversée retient l’attention : la suppression des bourses d’études à l’étranger pour les bacheliers, réservant ces aides uniquement aux étudiants en master et doctorat.

Cette mesure, présentée comme un moyen de renforcer l’autonomie du système éducatif national, constitue en réalité une erreur stratégique qui risque de pénaliser gravement les étudiants mauritaniens.

Une décision incohérente face à l’offre internationale de coopération

L’argument avancé par le ministère est que les institutions nationales sont désormais capables d’absorber la majorité des nouveaux bacheliers. Toutefois, refuser des bourses de coopération offertes par des partenaires internationaux tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Syrie, la Chine ou encore la Russie, sous prétexte que l’offre nationale serait suffisante, est une aberration.

Ces partenariats internationaux, souvent forgés sur des décennies de coopération, ne se limitent pas à un simple transfert d’étudiants. Ils représentent des opportunités précieuses pour l’acquisition de compétences spécifiques, pour l’exposition à des cultures académiques diverses, et pour le renforcement des relations diplomatiques et économiques avec ces pays.

Le risque de priver les étudiants d’une formation de qualité internationale

Les études à l’étranger ne se résument pas à un simple parcours académique ; elles offrent aux étudiants une immersion culturelle et linguistique essentielle dans un monde de plus en plus globalisé.

Elles permettent d’accéder à des programmes d’études uniques, souvent inaccessibles au niveau national, et d’acquérir des compétences qui ne sont pas encore suffisamment développées en Mauritanie. Limiter ces opportunités à une élite en master ou en doctorat, c’est priver les jeunes bacheliers de cette exposition internationale dès le début de leur parcours académique, ce qui pourrait réduire leur compétitivité sur le marché du travail global.

Une expansion des capacités nationales au détriment de la qualité ?

Le ministère met en avant l’augmentation des capacités d’accueil des institutions nationales comme justification de cette réforme. Toutefois, cette expansion rapide des infrastructures, aussi nécessaire soit-elle, ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’enseignement.

La construction de nouveaux complexes universitaires et l’extension des instituts spécialisés sont des avancées, mais sans un renforcement parallèle des ressources pédagogiques et des conditions d’apprentissage, ces efforts risquent de conduire à un surpeuplement qui nuira à l’efficacité de la formation.

Des enjeux de gouvernance et de transparence toujours présents

La décision du ministre de prôner la transparence et l’équité dans le processus de sélection et d’orientation des étudiants est louable. Cependant, les défis de gouvernance dans le secteur éducatif mauritanien sont bien réels.

La mise en œuvre de cette réforme nécessite une gestion rigoureuse pour éviter toute interférence indue et garantir que les décisions soient prises en fonction des mérites et des besoins réels des étudiants. Il est essentiel que ces réformes ne deviennent pas un simple exercice de réallocation de ressources, mais qu’elles contribuent réellement à l’amélioration du système éducatif dans son ensemble.

Une approche qui manque de vision globale

Les réformes annoncées par le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur montrent une volonté de changement, mais la suppression des bourses pour les bacheliers, au profit d’une soi-disant autonomie nationale, est une erreur stratégique.

Les études à l’étranger jouent un rôle crucial dans le développement académique et professionnel des étudiants, et leur restriction pourrait avoir des conséquences négatives à long terme sur la compétitivité des diplômés mauritaniens.

Une politique plus équilibrée, qui intègre les avantages des partenariats internationaux tout en renforçant les capacités locales, serait nécessaire pour véritablement préparer la Mauritanie aux défis éducatifs du futur.

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