Le Quotidien de Nouakchott – Dans un contexte international marqué par une flambée des prix de l’uranium, la Mauritanie se profile comme un acteur potentiellement majeur sur le marché mondial de l’énergie nucléaire.
Le récent franchissement du seuil des 100 dollars la livre en janvier 2024, une première depuis 2007, témoigne d’un regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire, envisagée comme une solution viable à la crise énergétique mondiale.
Cette situation, exacerbée par les inquiétudes sur l’offre à moyen terme et une demande en hausse, pousse les compagnies minières à revoir à la hausse leurs ambitions et leurs projets de développement.
Aura Energy, un acteur clé dans ce paysage en mutation, a récemment publié les résultats de l’étude d’ingénierie de base (FEED) de sa future mine d’uranium exploitée par sa filiale Tiris Ressources, située en Mauritanie. Les chiffres sont éloquents : les revenus attendus s’élèvent désormais à 2,25 milliards de dollars, marquant une augmentation de 44 % par rapport aux prévisions de mars 2023.
Cette réévaluation spectaculaire repose sur un prix de référence de l’uranium de 80 dollars la livre, bien au-dessus des 65 dollars envisagés précédemment. Une telle hausse des prévisions souligne non seulement la volatilité mais aussi le potentiel lucratif du marché de l’uranium.
Le contexte actuel est propice pour les producteurs d’uranium. Le premier producteur mondial, la société kazakhe Kazatomprom, a récemment annoncé des difficultés à atteindre ses objectifs de production pour 2024 et 2025, contribuant à une pression accrue sur l’offre.
Ces éléments convergent pour créer un environnement favorable à une poursuite de la hausse des prix, avec des estimations pouvant atteindre jusqu’à 150 dollars la livre entre 2025 et 2027.
Pour la Mauritanie, ce projet d’extraction d’uranium à Tiris représente une aubaine économique potentielle. L’augmentation de la production envisagée, passant de 1,6 à 1,9 million de livres d’uranium par an et qui devrait à terme 3,5 millions sur une durée de vie de la mine étendue à 17 ans, témoigne d’une ambition renforcée.
Tiris Project a des réserves de près 61,6 millions de livres de l’uranium, et plus de 18,5 millions de livres de pentoxyde de vanadium (V2O5),. Ces réserves sont considérables et surtout avec des teneurs très élevées pour l’Uranium entre 350 et 450 PPM qui sera protée après enrichissement à 2700 et 2800 PPM.
Le site du projet est situé à 650 km de la ville de Zouérate et 450 de Bir Moghrein, le transport se fera par camion vers un dépôt provisoire à côté de la ville puis vers le port de Nouakchott ou Tanit. Les négociations avec la SNIM n’ayant pas pu aboutir, la solution du port de Nouadhibou a été abandonnée.
Ce développement pourrait diversifier et renforcer le secteur minier du pays, traditionnellement dominé par l’exploitation du minerai de fer et de l’or, et contribuer à une plus grande stabilité économique face aux fluctuations des marchés mondiaux.
Aura Energy, détenant 85 % des intérêts du projet avec le gouvernement mauritanien à hauteur de 15 %, se trouve à un moment décisif. Les objectifs pour l’année en cours incluent la finalisation d’accords de vente pour la future production et la prise d’une décision finale d’investissement pour Tiris.
Dans un monde en quête de solutions énergétiques durables et fiables, la Mauritanie et Aura Energy se positionnent au cœur d’une dynamique qui pourrait redéfinir l’avenir énergétique global.