Kassataya – L’agenda du président mauritanien qui se déroule comme sur des rails depuis son accession au pouvoir en 2019, est un secret de polichinelle.
Après la normalisation de ses relations avec l’opposition, la reprise en main du parti UPR devenu INSAF, un dialogue politique contrôlé pour reconduire sa majorité au parlement et enfin l’entretien exclusif qu’il vient d’accorder pour la première fois à cinq médias nationaux en dit long du dernier acte de son agenda, ses intentions non déclarées pour 2024.
Ce scénario présidentiel presque parfait a failli capoter avec deux imprévus majeurs qui ont failli ternir l’image de Ould Ghazouani et de son gouvernement avec l’évasion de quatre salafistes de la prison centrale qui ont couté la vie à deux gendarmes. Trois évadés sont tués et le quatrième remis en prison.
La deuxième secousse est symbolisée par des bavures policières avec l’assassinat de l’activiste Chouvi Cheine dans un commissariat de police de la capitale. Cette affaire d’Etat a ébranlé le régime au point que Ould Ghazouani active les leviers de la justice de l’Intérieur et de la sureté nationale pour apaiser la situation. Et même les Oulémas et Imams sont sortis de leurs réserves pour demander justice.
Les deux autres affaires d’Etat sont respectivement la mort du jeune Oumar Diop après son interpellation dans un commissariat de police et la mort par balles du jeune Mohamed Lemine à Boghé lors d’une manifestation pour demander justice pour Oumar Diop.
Hormis ces quatre tâches noires des quatre premières années, Ould Ghazouani a réussi dès son investiture à normaliser ses relations avec l’opposition en recevant tous les leaders au palais de Nouakchott et en nouant régulièrement des contacts avec eux notamment avec les deux principaux chefs de l’UFP et du RFD.
Dans cette lancée il a mis en œuvre un dialogue politique interrompu unilatéralement pour permettre à son ministre de l’Intérieur de nouer un accord biaisé avec les 25 partis en compétition pour 2023. La suite c’est la victoire écrasante du parti INSAF qui vient à peine de renaître sur les cendres de l’UPR repris en main dès la première année du quinquennat.
Pour autant la large victoire d’INSAF au triple scrutin de 2023 est rejetée par l’opposition en particulier les deux grands perdants l’UFP et le RFD qui dénoncent des fraudes massives.
Une crise post-électorale éphémère qui va aboutir finalement à un pacte républicain quadripartite, UFP-RFD-INSAF-INTERIEUR à l’insu des autres partis de l’opposition. Un deuxième coup de Ould Ghazouani qui accélère son agenda avec la présidentielle 2024 en ligne de mire.
Cherif Kane