France24 – Le président tunisien, Kaïs Saïed, a indiqué lundi refuser des fonds alloués par l’Union européenne (UE) à la Tunisie dans le cadre d’un accord visant à faire baisser les arrivées de migrants depuis ce pays. Sur 105 millions d’euros d’aide prévue, Bruxelles s’apprêtait à débloquer 42 millions d’euros « rapidement ».
Le président tunisien, Kaïs Saïed, a indiqué lundi 2 octobre que son pays refusait des fonds alloués par l’Union européenne (UE) à la Tunisie, qui s’apparentent, selon lui, à de la « charité », et dont le montant « dérisoire » irait à l’encontre de l’accord conclu en juillet entre les deux parties.
La Commission européenne avait annoncé le 22 septembre qu’elle commencerait à allouer « rapidement » les fonds prévus dans le cadre de l’accord avec la Tunisie afin de faire baisser les arrivées de migrants depuis ce pays.
La Commission a précisé que sur les 105 millions d’euros d’aide prévus par cet accord pour lutter contre l’immigration irrégulière, quelque 42 millions d’euros allaient être « alloués rapidement ». Auxquels s’ajoutent 24,7 millions d’euros déjà prévus dans le cadre de programmes en cours.
« La Tunisie qui accepte la coopération, n’accepte pas tout ce qui s’apparente à de la charité ou à la faveur, car notre pays et notre peuple ne veulent pas de la sympathie et ne l’acceptent pas quand elle est sans respect », a-t-il déclaré, selon un communiqué de la présidence. « Par conséquence, la Tunisie refuse ce qui a été annoncé ces derniers jours par l’UE », a déclaré Kaïs Saïed qui recevait son ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar.
« Protection des migrants »
Il a expliqué que ce refus n’était « pas en raison du montant dérisoire […], mais parce que cette proposition va à l’encontre » de l’accord signé à Tunis et « de l’esprit qui a régné lors de la conférence de Rome » en juillet.
Selon la Commission européenne, l’aide doit servir en partie à la remise en état de bateaux utilisés par les gardes-côtes tunisiens et à la coopération avec des organisations internationales à la fois pour la « protection des migrants » et pour des opérations de retour de ces exilés depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine. Ce protocole d’accord entre la Tunisie et l’UE prévoit en plus une aide budgétaire directe de 150 millions d’euros en 2023 alors que le pays est confronté à de graves difficultés économiques.
Kaïs Saïed a ajouté enfin que son pays mettait « tout en œuvre pour démanteler les réseaux criminels de trafic d’êtres humains ».
La Tunisie est avec la Libye le principal point de départ pour des milliers de migrants qui traversent la Méditerranée centrale vers l’Europe, et arrivent en Italie.
Avec AFP