Kassataya – Les Mauritaniens se rendront aux urnes le 13 mai prochain pour élire une nouvelle assemblée de nouveaux maires et de nouveaux conseillers régionaux. Incontestablement les législatives constituent l’enjeu principal pour la suite du quinquennat de Ould Ghazouani avec la présidentielle 2024 en ligne de mire.
C’est la première fois que le président mauritanien est confronté à des élections intermédiaires avant la fin de son quinquennat. Des résultats législatifs dépendent l’avenir du régime et du part INSAF créé sur les cendres de l’UPR.
Deux évènements majeurs durant ce mandat risquent de changer en bien ou en mal l’image du chef de l’Etat dans son rapport avec le peuple mauritanien à savoir l’assassinat de l’activiste Chouvi Cheine dans un commissariat de la capitale et l’évasion des terroristes salafistes de la prison centrale de Nouakchott.
Le premier point noir a suscité l’indignation et la tristesse des Mauritaniens dans leur diversité. Après plus d’un mois les assassins ne sont toujours pas jugés.
Une bavure policière assimilée à une affaire d’Etat par les observateurs pourrait laisser des traces indélébiles et pousser l’électorat à des votes utiles pour l’opposition.
Le deuxième point noir relatif à la mort des trois terroristes et le quatrième en capture après leur évasion de la prison centrale est révélateur de graves dysfonctionnements de l’administration pénitencier.
Avec l’arrestation du cerveau de cette évasion, Ould Ghazouani peut être fier de ses forces armées et de sécurité et profiter de ce succès mais pour autant tous les coupables ne sont pas encore désignés laissant planer un régime soucieux de son image que des sanctions efficaces.
La plus grande épreuve à laquelle est confrontée le président mauritanien c’est la mutation de son parti qui a du mal à se débarrasser des anciennes personnalités du sérail de Ould Taya à Ould Aziz et des opportunistes laudateurs cooptés pour satisfaire telle tribu qui continuent de faire la pluie et le beau temps et empêchent le renouvellement des hommes et des femmes au point que le ministre de l’Intérieur ouvre la porte du cumul des mandats en faisant croire à l’hypothèse que ses homologues peuvent briguer les suffrages des électeurs.
Pas étonnant que les instances dirigeantes du parti ne soient pas arrivés à arrêter à temps la liste des candidats aux municipales et régionales. Face à un parti qui n’est rien d’autre que l’UPR bis Ould Ghazouani devra craindre des surprises.
Le bilan des trois années de gouvernance est mitigé. Les projets de développement économiques sont réalisés à plus de 35 pour cent pour les projets dits problématiques comme par exemple les infrastructures routières.
Le pays manque d’eau et d’électricité et l’agriculture et l’élevage ne nourrissent pas encore les 4 millions de Mauritaniens. La principale hantise est de gagner la majorité absolue des sièges pour poursuivre les réformes engagées depuis 2019. Une défaite ou une petite majorité serait un cataclysme politique dans un pays gouverné par les militaires depuis 1978.
Cherif Kane